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Le jeu de l'oie 3



Bonne année 2018, Monsieur Barberet!

Bonne année à vous, Delphine, tous mes voeux de bonheur et d'amour, que vous habitiez à Paris, à Nantes ou à Bordeaux! 

Ce premier tome est enfin terminé?

Pas tout à fait, Delphine. Il me reste encore une assez longue fable en prose à relire, Le cyclope amoureux, et ce sera terminé. L'été dernier, je me suis trompé en vous annonçant qu'il ne me restait plus qu'à relire une autre longue fable en prose, L'Origine de l'Automne. En fait, depuis l'été dernier, j'ai relu à nouveau l'ensemble du recueil, fignolé encore ici et là des vers et toutes mes fables en prose. Je suis désormais satisfait du contenu de ce tome 1, et c'est bientôt fini. La vérité, Delphine, c'est que je brasse tellement de pièces que je finis par oublier le détail de leur contenu, si bien que je suis souvent pris par le doute, ce qui m'oblige à aller les relire! Je suis confronté aussi à un autre problème s'agissant de mes fables en prose. Ce sont des pièces très malléables et flexibles. Chaque relecture peut faire germer en moi de nouvelles idées, mais certaines de ces nouvelles idées, à la longue, ne s'avèrent pas toujours bonnes. Ce qui peut sembler bon dans le feu de l'action ne l'est pas toujours, ce qui m'oblige en fait après chaque nouvelle relecture à laisser reposer mon texte avant d'aller le relire encore une fois...    

C'est sans fin, votre travail!

Oui, je dois avouer que l'écriture de ce tome 1 n'a pas été facile pour moi. Comme je l'ai dit à une vieille amie, ce tome 1 aura été mon lion de Némée. C'est à cause de lui si la publication de mon premier recueil de fables prend du temps. Mais c'est aussi grâce à lui si j'ai écrit mon grand poème marin en prose La coquille de noix, et la deuxième mouture de L'avant-propos de Maître Renard, qui est devenu un texte plus long et plus ambitieux qu'il n'était prévu au départ de l'aventure. Ces deux textes en prose m'ont permis de me changer les idées après la fin de l'écriture de la première mouture de mon premier recueil de fables en 2011 et 2012. J'ai ressenti à cette époque le besoin impérieux de me changer les idées et de laisser reposer cette première mouture. J'ai travaillé en gros sur La coquille de noix de 2012 à 2014 et sur L'avant-propos de 2014 à 2016. Et depuis août 2016, je travaille principalement à la complétion et à l'achèvement de ce tome 1 du premier recueil de fables. Mais je suis soulagé, car les tomes 2 et 3, je le sais déjà, poseront moins de problèmes et de difficultés que le tome 1.    

De quel ordre ont été ces difficultés?

D'ordre varié et divers. Par exemple, le livre 3 consacré au vagabondage intégral, si je puis dire, est plus long que les trois autres livres. Il est un peu disproportionné du fait de la présence de plusieurs fables en prose, dont une, L'Origine de l'Automne, qui est assez longue. Il comportait aussi dans sa première mouture une quarantaine de pièces alors que les trois autres livres en comportent une trentaine. Afin de ne pas exagérer son importance par rapport aux autres livres du recueil, j'ai dû sacrifier un certain nombre de pièces pour ramener le nombre total de fables et poèmes à une trentaine. J'ai travaillé aussi pendant quelque temps sur deux développements assez longs que je pensais inclure dans L'Origine de l'Automne, mais j'ai finalement renoncé à les inclure pour ne pas alourdir plus ce texte en prose. Ces deux développements l'auraient aussi dénaturé en déportant l'attention du lecteur sur des sujets connexes plutôt qu'en concentrant son attention sur la vallée de l'Automne. Un développement concernait la poésie, et un autre le rêve et la mémoire. Ces deux thèmes sont toujours présents dans L'Origine de l'Automne, mais de manière plus succincte et plus légère, afin de ne pas faire trop d'ombrage à la vallée. Je pense que le développement sur la poésie et l'intelligibilité finira ingurgité par L'avant-propos de Maître Renard. Le développement sur le rêve et la mémoire pourrait faire l'objet d'un billet de blog par exemple. Je n'en sais encore rien. Ce qui manque un peu à la théorie de Freud sur le rêve, qui est sinon, je crois, assez juste dans l'ensemble, c'est une réflexion sur la mémoire, sur la relation entre conscience, inconscient, rêve et mémoire. Pour ma part, pour vous dire les choses en deux mots, je crois que la mémoire dispose d'une forme de conscience  indépendante de la conscience de veille du sujet. 

Vous relisez actuellement le tome 2?

Non, Delphine. Je me suis contenté pour l'instant d'identifier dans le tome 2 les pièces qui pourraient être écartées et les pièces qui pourraient être ajoutées. Ceci afin de renforcer les thématiques des différents livres du tome 2. Je n'ai pas encore commencé le travail effectif de relecture et de finition du tome 2. J'ai été trop occupé par la finition du tome 1 et par d'autres poèmes. La vérité, c'est que je me retrouve maintenant devant une hydre! Devant des grappes de glycine dirait Claudel! A vrai dire, mon rêve serait d'être une pieuvre, mon rêve serait de pouvoir disposer de plusieurs bras et cerveaux comme la pieuvre! Mon rêve serait de pouvoir travailler en même temps, au même instant, à l'écriture de recueils différents! Ce serait vraiment le rêve pour moi. C'est un peu ce que je fais actuellement déjà, mais au rythme de l'homme, pas au rythme de la pieuvre! Je suis bien obligé tout de même de me concentrer sur certains textes précis au détriment d'autres. J'ai accumulé notamment ces dernières années un certain nombre d'ébauches de poèmes sur la région où je vis actuellement, et je voudrais en faire un recueil de poèmes sur le cycle des saisons qui s'intitulera Le Brahmapoutre. Ce recueil comportera des poèmes en vers libre moderne, des haïkus et quatre poèmes écrits en vers liés ou chaînés, eux aussi d'inspiration japonaise. J'ai attaqué aussi un poème en vers libre moderne qui fera partie de mon cycle poétique consacré aux baigneuses. Je pense que je vais travailler là-dessus cet hiver pour me reposer des fables. Je vous parlerai de cela dans un autre entretien, Delphine! Je ne veux pas tout mélanger! A vrai dire, je crois que pour faire justice à mes travaux poétiques, je devrai créer un jour un site Internet différent de celui consacré aux Fables du lavoir.  

Quelle est la thématique majeure de ce tome 1?

C'est difficile à dire. Je n'ai pas envie de disserter sur le contenu de ce premier recueil. C'est trop riche. Disons que le côté vagabondage est très présent, puisque le lecteur est entraîné de pays en pays, de région en région, de fable en poème, de fable en vers en fable en prose, de sujet en sujet. Ce premier tome parle aussi beaucoup des rivières et des méandres! Il me semble que ce sont les vraies héroïnes et les vrais héros de ce premier tome avec les ruisseaux. Comme je l'écris expressément dans L'origine de l'Automne, "La répétition du méandre est une vertu et l'éloge de la sinuosité une nécessité absolue". Il distille quelques vérités que notre époque a besoin d'entendre. Il annonce aussi de manière discrète les recueils de poèmes à venir! Il possède un petit côté bande annonce qui fait son charme. La coquille de noix est présente, la figure du capitaine est présente, la figure de la baigneuse est présente, le cycle des quatre saisons est présent, le thème du rafraîchissement est présent, même la joueuse de tennis est présente!    

Ce sont là vos derniers mots sur ce tome 1?

Ce sont là mes derniers mots sur ce tome 1, Delphine. Sa parution est pour bientôt! Encore un peu de patience! Mais réjouissez-vous, je vais bientôt vous parler du Brahmapoutre! Des haïkus, des quatre saisons, du Japon, et peut-être même des Clochards célestes de Jack Kerouac! Et du soleil tentaculaire de minuit! Tout un programme!