Mes fables préférées de La Fontaine


Il est très difficile d'arrêter un choix restreint et définitif. Nos goûts et nos préoccupations évoluent avec le temps qui passe et les années. Des fables qu'on aimait moins ou qu'on négligeait jadis peuvent quelques années plus tard nous surprendre, nous ravir, bref peuvent acquérir du lustre et de l'intérêt avec le temps. Probablement qu'après chaque nouvelle lecture des fables de La Fontaine,

une nouvelle liste de fables favorites pourrait être établie.

 

En règle générale, je préfère celles d'inspiration fluviale et aquatique où l'on peut retrouver un ruisseau et des poissons. J'aime relire Les poissons et le berger qui joue de la flûteLe petit poisson et le pêcheur, Le torrent et la rivièreLe cerf se voyant dans l'eau, mais aussi Le juge arbitre, l'hospitalier et le solitairequi fait le sage éloge d'un désert où coule obligatoirement un ruisseau. Les rivières et les ruisseaux jouent un grand rôle dans mes propres fables et poèmes. L'action du deuxième recueil de fables se situera le long de la rivière du Lison, du côté de la confluence du Lison et de la Loue, deux rivières du Doubs. Un château, un moulin et un pont y tiendront notamment une grande place. Et le palais du roi lion sera une saulaie située elle-même à la confluence du Lison et d'un petit ruisseau. Les ruisseaux sont à la nature et au monde visible ce que la circulation sanguine peut être à la chair et au monde invisible.

 

J'adore Les deux chèvres qui se croisent sur une planche au-dessus d'un précipice. J'apprécie Le cierge solitaire, frappé de folie, qui se prend pour Empédocle et qui fait songer aux poèmes de Francis Ponge. J'aime Le milan et le rossignol, fable qui sert de prologue aux Filles de Minée, et qui fait songer aux contes des Mille et une nuits. Je ne suis pas un farouche partisan de l'emploi de l'allégorie, mais je trouve réussie L'amour et la folie. Ses trois fables sur l'amour, Tircis et AmaranteDaphnis et Alcimadure, et Les filles de Minée, méritent largement le détour. Philémon et Baucis est aussi une perle. L'ivrogne et sa femme n'est pas mal non plus, mais dans un autre genre.

 

J'aime les fables sophistiquées où La Fontaine dépeint une petite société, et notamment la cour du roi lion. La cour du roi lion constituera en effet l'un des motifs principaux de mon deuxième recueil. Les fables où Jupiter apparaît peuvent être rangées aussi dans la catégorie de mes fables favorites. Je déplore un peu dans les fables de La Fontaine l'extrême discrétion, voire l'absence, des autres dieux du panthéon olympien. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'adore le prologue de l'araignée dans L'araignée et l'hirondelle: j'y vois une lamentation secrète de Minerve.

 

Mon coeur bat aussi pour Le meunier, son fils et l'âne, car, en fidèle ami des rivières, le moulin à eau occupe une place importante dans mon imaginaire. Je me délecte des mulets et des ânes en général. Les deux muletsL'âne chargé d'éponges et l'âne chargé de sel, ainsi que Les deux chiens et l'âne mort emportent mes suffrages sans peine. Le renard demeure toutefois mon animal préféré et mon personnage favori. Il est clairement, bien plus que le roi lion, le soleil autour duquel tous les autres animaux gravitent. Il tire les ficelles dans l'ombre comme le lion les tire dans la lumière. Il est la glu véritable de la petite société animale. 

 

En général, j'aime une fable, non pas à cause de sa morale ou de son intrigue, mais à cause du tableau qu'elle dépeint et de l'atmosphère générale qui s'en dégage. Cela tient donc à l'environnement, au lieu et au paysage de la fable. Parmi celles dont je juge les morales importantes ou primordiales pour comprendre les hommes ou le fonctionnement des sociétés humaines, je citerais volontiers Les animaux malades de la pesteLe loup et l'agneauLe chien qui lâche sa proie pour l'ombreLa laitière et le pot au laitLa lice et sa compagneLe paon se plaignant à JunonL'alouette et ses petits avec le maître d'un champLe dépositaire infidèleLe paysan du DanubeLe chat et un vieux ratLa chauve-souris et les deux belettes, L'aigle, la laie et la chatte, Les grenouilles qui demandent un roi et L'oiseau blessé d'une flèche

 

Enfin, je décerne une mention spéciale pour Le chat, la belette et le petit lapin, dont ma grand-mère maternelle aimait à répéter les quatre premiers vers à haute voix, lointain reste de son enfance et de ses heures d'étude à l'école communale de Lizine.

 

Dans mon recueil, je rends hommage à La Fontaine en faisant directement allusion à certaines de ses fables. Ces fables auxquelles je fais référence de façon plus ou moins explicite se sont imposées à moi en vertu des thématiques de mon recueil. Je mets tout particulièrement à l'honneur dans le premier recueil les fables suivantes: Le chêne et le roseauLes oreilles du lièvreLa forêt et le bûcheronLe lion et le moucheronLe lion et le rat et Conseil tenu par les rats. En plus de ma version du Chêne et du roseau, j'offre dans ce recueil mes versions personnelles des fables suivantes déjà mises en vers par La Fontaine: Le lièvre et les grenouillesParole de Socrate, La poule aux oeufs d'or, L'homme et son image et L'enfant et le maître d'école. 

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