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L'avant-propos de Maître Renard (suite et fin, ou presque!)


Bonjour, Monsieur Barberet, je suis curieuse de savoir où en est Maître Renard? Maître Renard passe son temps à reporter la parution de son avant-propos, et je suppose que cela doit vous gêner pour la parution de vos fables!

Nous ne sommes plus très loin, je pense, de la parution de la première édition de L'avant-propos de Maître Renard. Celle-ci aura lieu dans le courant de l'été 2016, en pleine saison des baignades, mais je dois vous prévenir: elle sera une version abrégée de L'avant-propos, et sera vendue de fait pour un prix modique. L'avant-propos de Maître Renard constitue aujourd'hui un tapuscrit de près de 900 pages, divisé en quatre fichiers différents utilisant tous une police 14. Parmi ces quatre fichiers, il en est un qui est plus long que les autres, c'est le fichier numéro deux, qui fait plus de 300 pages et qui correspond à la longue digression de nature disons philosophique. Or, je ne suis pas encore entièrement satisfait de cette partie, car je dispose aussi d'un fichier où je recueille des chutes, des fragments, des notes, des citations, et la plupart de ces notes pourraient encore participer à l'amélioration et à l'enrichissement de cette partie disons philosophique. Or, cela fait maintenant deux ans que je travaille à l'écriture de cet avant-propos, et je ressens le besoin de faire une pause, c'est-à-dire le besoin de changer d'air et de travailler à autre chose, soit à l'achèvement de mon premier recueil de fables. Aussi, ai-je décidé que la parution de mon premier recueil de fables sera précédée par la publication d'une première édition abrégée de mon avant-propos, amputé pour l'instant de sa longue digression philosophique qui peut être encore enrichie, précisée et perfectionnée.  

Ce qui veut dire que les trois autres fichiers ou parties de cet avant-propos sont, eux, achevés, si je vous comprends bien!

Pas tout à fait, mais quasiment. J'en suis à peu près satisfait, et je ne crois pas qu'ils soient susceptibles de connaître de grandes modifications. Mais c'est vrai que je les retouche et les enrichis aussi chaque fois que je les relis, si bien que le texte grossit et s'améliore à chaque nouvelle relecture, ce qui me pousse évidemment à reporter la parution du texte. Je savais que l'idée de donner la parole à Maître Renard, à un futur personnage central de mon recueil de fables, était une bonne idée, riche de possibles et de possibilités. Mais je dois avouer que je ne m'attendais pas à finir par écrire un ouvrage aussi long et aussi ambitieux! Je me demande même parfois si cet avant-propos ne finira pas par faire de l'ombre aux fables qu'il est censé présenter au lecteur! Le propos y est somme toute beaucoup plus révolutionnaire que dans les fables, et, s'agissant de la forme, j'invente un genre littéraire nouveau qui fera peut-être des émules.  

Et cette version longue, nous pourrons la lire quand?

Vers la fin 2017 peut-être. Aussitôt achevée la parution de mon premier recueil de fables, je finirai l'écriture de cet avant-propos pour en proposer au lecteur la première édition complète et intégrale. Je ne vais publier au cours de l'été qu'une version abrégée. La version normale sera la version longue, pas la version abrégée. La version longue ne constituera pas une espèce d'édition de luxe pour lecteurs distingués. Elle sera bien la version normale, finale, de l'ouvrage, susceptible elle-même de connaître des ajouts et des enrichissements, ceux dont j'ai fait mention dans mon billet de blog du 20 juin 2015. 

Cette digression philosophique, constitue-t-elle encore réellement une digression?

Non, et vous avez raison, Delphine, de me poser cette question. Elle fait partie intégrante de mon propos, elle en constitue même le coeur à certains égards, et il est sûr que certains passages de ma version abrégée, contenus dans les fichiers 3 et 4, venant directement à la suite de cette digression, souffriront peut-être un peu de son absence. Quand je parle, à la suite de Théophile Gautier, du "carnage équilibré" qui règne dans la nature, et quand mon renard fait l'éloge de ce carnage, il vaut mieux être certain de quoi on parle. Pareillement lorsque mon renard évoque "la nouvelle caverne audiovisuelle et médiatique de Platon"! Il vaut mieux préciser sa pensée et justifier l'emploi de cette expression, même si cette nouvelle caverne existe bel et bien! Nouvelle caverne qui est beaucoup plus dangereuse et plus perverse que la caverne originale, naturelle et ancienne! Mais bon, cette version abrégée et allégée n'en sera pas moins riche, et longue de près de 600 pages en l'état actuel de la mise en page des trois fichiers dont elle est et sera constituée. Elle m'oblige à faire du collage, à enjamber la digression philosophique, à relier le contenu du fichier 1 au contenu du fichier 3, mais ce n'est pas trop grave, la matière est suffisamment riche et originale. La digression philosophique permet de donner une certaine assise intellectuelle et philosophique à certains des raisonnements et à certaines des assertions du renard, en s'appuyant notamment sur les pensées de quelques philosophes et poètes choisis. Elle n'est pas plus difficile à lire et à comprendre que le reste de l'avant-propos. Disons que cette édition abrégée est amputée de sa partie correspondant à une étude philosophique approfondie. Elle n'en conserve pas moins ses autres éléments centraux que sont sa nature propédeutique, sa nature fictionnelle, mais aussi son caractère de bande-annonce. Elle propose aussi à sa manière un art poétique. Pour tout vous dire, je crois que Maître Renard va être le André Breton du vingt-et-unième siècle! 

Sans blague!

Oui, car c'est là une tâche trop lourde pour mes épaules, et puis la littérature d'André Breton, ce n'est pas vraiment mon truc. Pour ma part, je n'ai jamais rêvé d'être André Breton. En revanche, le job semble intéresser Maître Renard! Je le lui délègue bien volontiers! Moi, je préfère les Muses grecques, vous comprenez? Je préfère la rêverie diurne au rêve nocturne, la conscience à l'inconscient! La Grèce à Paris! Chacun son truc! Le caca des cauchemars ne m'intéresse pas. Et le caca des rêves habituels et normaux non plus. Le rêve a besoin de la raison pour engendrer des rêves de qualité! Je n'y peux rien, c'est ainsi! La raison constitue la fondation première du rêve de qualité. 

Quelle est la principale difficulté proposée par l'écriture de cet avant-propos?

Cet avant-propos constitue réellement un avant-propos. En tant que tel, il n'est pas divisé en chapitres comme un roman. Il n'est pas divisé en actes et en scènes comme une pièce de théâtre, ou en fables et en livres de fables comme un recueil de fables. Il ne possède pas de subdivisions internes en son sein. Il forme un texte littéraire d'un seul tenant, de la première phrase à la dernière. Il est seulement divisé en paragraphes qui se suivent. Il est ponctué ici et là de petits poèmes et passages en vers, et de quelques facéties qui détendent un peu la lecture, qui aèrent un peu le texte. Je l'ai divisé en quatre fichiers lors de son écriture, au fur et à mesure qu'il grossissait, pour de simples raisons de commodité, afin de m'y retrouver un peu et d'alléger les fichiers. De fait, le plus difficile est tout simplement de s'y retrouver, car ma mémoire n'est pas assez puissante pour retenir le contenu exact de chaque paragraphe. Le plus difficile n'est pas tant d'éviter les redites, qui sont parfois nécessaires, surtout lorsque le texte devient long et copieux, que d'insérer certaines idées, certaines images, certains passages, aux bons endroits, aux bons moments, dans le texte, soit dans les endroits les plus pertinents, dans les endroits où ces idées, images ou passages peuvent reluire et résonner le mieux.  

Cet avant-propos, constitue-t-il un poème philosophique?

Je me pose parfois la question. Je crois en effet que plus on avance dans le texte, plus on progresse dans sa lecture, plus le texte s'enrichit peu à peu d'une dimension poétique. Je crois que cet état de fait est particulièrement sensible dans les fichiers 3 et 4, et cette réalité explique en partie pourquoi je corrige sans cesse mon texte, pourquoi je trouve à corriger sans cesse mon texte, au-delà de la seule entreprise d'enrichissement et de clarification de mon propos. J'aime assez cette idée d'un texte en prose métamorphique déviant peu à peu vers la poésie en prose pure et simple.       

Résumons-nous! Vous allez publier cet été 2016 la version abrégée de votre avant-propos, et, dans les mois qui viennent, votre premier recueil de fables?

Oui, c'est cela. J'espère publier les trois tomes de mon premier recueil de fables dans l'année qui vient ou dans les 18 mois qui viennent. Je pense pouvoir publier le premier tome au cours de l'automne 2016. J'espère du moins qu'il en sera ainsi, et que je n'aurai pas de difficulté à l'achever. Je reste prudent sur ce sujet, car il est plus difficile de boucler une fable ou un poème que d'enrichir et de perfectionner un paragraphe écrit en prose. Ce qu'il y a de bien avec l'écriture en prose, c'est qu'elle permet de se rendre compte que le terme "inspiration" n'est pas un vain mot dès lors que l'on parle de poésie et d'écriture poétique en vers. Quand je perfectionne un passage en prose, je ne me sens pas inspiré, je sens que l'artisan maîtrisant sa matière tient fermement les rênes et que les Muses ne m'aident pas beaucoup. En revanche, quand j'écris en vers, il me semble que la part liée au concours des Muses et d'une puissance transcendante est beaucoup plus prégnante et plus active. Disons que lorsque j'écris en prose, je baigne dans l'immanence, lorsque j'écris en vers, je baigne dans la transcendance! Voilà une révélation intéressante! Ne trouvez-vous pas?