La pluie fait briller les troncs noirs
Les petites feuilles dorées
Celles flottant sur les lavoirs
Celles coulant dans les orées
Pourquoi les prunelliers s'endeuillent?
Le lierre rasant poudré d'or
Se gonfle d'air, d'orgueil, de feuilles
Je tiens compagnie au faon mort
Ses petits sabots noirs fendus,
Parce qu'ils sont émouvants, luisent
Et reluisent, c'est entendu,
Comme gondoles de Venise
Le lac brumeux ne s'éternise
Au fond du vallon qui s'endort
Mais dans l'orbite qui l'épuise
Je tiens compagnie au faon mort
L'herbe roussit au fond du pré
Dans le muret en pierres sèches
Le serpent qui dort est entré
Dans la nuit qui donne la pêche
L'arrêt cardiaque je soupçonne
Pas de blessure sur son corps
Il ne fit de tort à personne
Je tiens compagnie au faon mort
Prince, la biche poursuivie
Ne méritait pas un tel sort
De grâce, rendez-leur la vie
Je tiens compagnie au faon mort