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Ballade pluvieuse du dix décembre


La pluie fait briller les troncs noirs

Les petites feuilles dorées

Celles flottant sur les lavoirs

Celles coulant dans les orées

Pourquoi les prunelliers s'endeuillent?

Le lierre rasant poudré d'or

Se gonfle d'air, d'orgueil, de feuilles

Je tiens compagnie au faon mort

 

Ses petits sabots noirs fendus,

Parce qu'ils sont émouvants, luisent 

Et reluisent, c'est entendu,  

Comme gondoles de Venise

Le lac brumeux ne s'éternise

Au fond du vallon qui s'endort

Mais dans l'orbite qui l'épuise

Je tiens compagnie au faon mort

 

L'herbe roussit au fond du pré

Dans le muret en pierres sèches

Le serpent qui dort est entré 

Dans la nuit qui donne la pêche

L'arrêt cardiaque je soupçonne

Pas de blessure sur son corps

Il ne fit de tort à personne

Je tiens compagnie au faon mort

 

Prince, la biche poursuivie

Ne méritait pas un tel sort

De grâce, rendez-leur la vie

Je tiens compagnie au faon mort