Pourquoi Les Fables du Lavoir?


Il fallait un titre. J'aurais pu choisir Les Fables tout court, Les Fables de Patrice Barberet. J'ai finalement adopté un titre qui place mon recueil dans la lignée de celui de La Fontaine, non seulement parce que je pense être, et de loin, le plus grand novateur dans le domaine de la fable depuis trois siècles, mais aussi parce que la région que je dépeins dans mes fables et, plus généralement, dans nombre de mes poèmes, est truffée de lavoirs qui font son orgueil. On parle parfois de "fontaine-lavoir" pour désigner les lavoirs. Je me suis donc engouffré dans la brèche, et le lavoir, modeste et délicat bijou du patrimoine architectural, constituera bien un motif récurrent et central des trois recueils, et un lieu de rendez-vous privilégié des animaux dans le troisième et dernier recueil.   

 

Comme le recueil comporte un certain nombre de poèmes, le lecteur pourrait être en droit de se demander pourquoi je n'ai pas appelé mon recueil Les Fables et Poèmes du Lavoir plutôt que Les Fables du Lavoir? Outre le fait que je tenais à ce que le titre soit court, marquant et facile à retenir pour la mémoire, il s'avère que le nombre de poèmes restera assez faible dans les trois recueils par rapport au nombre de fables. 

 

Par ailleurs, marchant sur les traces de La Fontaine, je ne fais, en introduisant des poèmes dans mon recueil, en introduisant parfois des poèmes entre les fables, notamment des sonnets à contenu animalier, que pousser plus loin son entreprise d'émancipation et d'enrichissement du genre, comme il le prescrivit d'ailleurs lui-même dans sa préface en écrivant: Il arrivera possible que mon travail fera naître à d'autres personnes l'envie de porter la chose plus loin.

 

Il faut aussi relire à ce sujet l'épilogue du livre 11 de son recueil: 

 

C'est ainsi que ma Muse, aux bords d'une onde pure, 

Traduisait en langue des dieux 

Tout ce que disent sous les cieux 

Tant d'êtres empruntant la voix de la nature. 

Truchement de peuples divers, 

Je les faisais servir d'acteurs en mon ouvrage: 

Car tout parle dans l'univers; 

Il n'est rien qui n'ait son langage. 

Plus éloquents chez eux qu'ils ne sont dans mes vers, 

Si ceux que j'introduis me trouvent peu fidèle, 

Si mon oeuvre n'est pas un assez bon modèle, 

J'ai du moins ouvert le chemin: 

D'autres pourront y mettre une dernière main. 

Favoris des neuf Soeurs, achevez l'entreprise: 

Donnez mainte leçon que j'ai sans doute omise; 

Sous ces inventions, il faut l'envelopper. 

Mais vous n'avez que trop de quoi vous occuper: 

Pendant le doux emploi de ma Muse innocente, 

Louis dompte l'Europe, et d'une main puissante 

Il conduit à leur fin les plus nobles projets 

Qu'ait jamais formés un monarque. 

Favoris des neufs Soeurs, ce sont là des sujets 

Vainqueurs du temps et de la Parque.